Le diabète est souvent qualifié de « tueur silencieux ». Et pour cause : il peut s’installer sans bruit, pendant des années, jusqu’à ce qu’il se manifeste par des complications graves. Pourtant, des signes précoces existent. Encore faut-il savoir les repérer. Car détecter un début de diabète à temps, c’est souvent éviter qu’il ne s’aggrave.
Tout commence généralement par une fatigue anormale, une soif plus intense que d’habitude ou une envie d’uriner plus fréquente. Des signes que beaucoup mettent sur le compte du stress, de la chaleur ou de la fatigue passagère. Pourtant, ils peuvent être le reflet d’un déséquilibre de la glycémie, c’est-à-dire d’un excès de sucre dans le sang.
La soif excessive (appelée polydipsie) est l’un des tout premiers signaux. Le corps, submergé par le glucose, cherche à l’évacuer par les reins, ce qui provoque une augmentation de la fréquence des urines (polyurie). Pour compenser, on boit davantage. Ce cercle vicieux est typique d’un début de diabète, selon les experts de la Mayo Clinic (2023), qui rappellent que ces symptômes ne doivent jamais être ignorés, surtout s’ils persistent.
Lire aussi : 10 aliments marocains bons pour le cœur
Autre indice : une fatigue durable et inexpliquée. Le glucose est normalement une source d’énergie. Mais en cas de résistance à l’insuline – un mécanisme au cœur du diabète de type 2 – le sucre reste bloqué dans le sang au lieu de pénétrer dans les cellules. Résultat : le corps fonctionne au ralenti. Ce phénomène a été documenté par l’American Diabetes Association, qui identifie la fatigue comme l’un des premiers signes rapportés par les patients.
Une vision floue, des infections, et des plaies lentes à guérir
Moins connus, d’autres signes doivent alerter. Une vision floue, par exemple, peut survenir à cause d’un excès de sucre qui affecte la forme du cristallin. Ce trouble visuel est souvent temporaire, mais il peut annoncer un déséquilibre glycémique. L’INSERM alerte notamment sur l’impact précoce du diabète sur la santé oculaire, bien avant l’apparition d’une véritable rétinopathie.
Chez certaines personnes, on observe également une perte de poids inexplicable – en particulier dans les formes débutantes du diabète de type 1 ou dans certains cas mal contrôlés de type 2. Le corps, incapable d’utiliser le glucose, se rabat alors sur les réserves de graisses et de muscles pour produire de l’énergie.
Lire aussi : Faut-il vraiment éviter le gluten si l’on n’est pas intolérant?
Des infections fréquentes, comme des mycoses (notamment génitales) ou des cystites récidivantes, peuvent aussi trahir un diabète non diagnostiqué. Un environnement riche en sucre favorise en effet la prolifération de bactéries et de champignons. Le Manual MSD signale que les diabétiques non traités sont plus vulnérables aux infections urinaires et cutanées.
Autre signal d’alerte : la cicatrisation lente des plaies. Le sucre en excès nuit à la microcirculation sanguine, ce qui ralentit la régénération des tissus. Des coupures ou égratignures qui mettent plusieurs semaines à se refermer doivent pousser à consulter, insiste la Fédération Française des Diabétiques.
Enfin, certains malades ressentent des fourmillements ou engourdissements au niveau des extrémités (neuropathie périphérique). Cela peut être le signe d’une atteinte des nerfs par l’hyperglycémie chronique, même en l’absence de diagnostic formel.
Qui est à risque ?
Même si tout le monde peut être concerné, certains profils sont plus exposés : les personnes en surpoids, les sédentaires, celles ayant un antécédent familial de diabète, ou encore les femmes ayant présenté un diabète gestationnel lors de leur grossesse.
Lire aussi : Les 10 bienfaits du jeûne intermittent pour votre santé cardiovasculaire
Le diabète de type 2 représente aujourd’hui plus de 90 % des cas dans le monde. Il est souvent lié à l’alimentation, au mode de vie, et à l’âge. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que plus de 420 millions de personnes sont atteintes de diabète dans le monde, un chiffre en constante augmentation.
Le dépistage, une arme de prévention
La bonne nouvelle, c’est que le diabète peut être détecté par une simple prise de sang : soit un test de glycémie à jeun, soit un dosage de l’HbA1c, qui mesure la moyenne de la glycémie sur les trois derniers mois. Ces examens sont disponibles dans n’importe quel laboratoire, parfois même en pharmacie ou lors de campagnes de prévention.
Un diagnostic précoce permet de mettre en place des changements simples mais efficaces : rééquilibrage alimentaire, perte de poids, activité physique régulière. Dans de nombreux cas, ces mesures suffisent à éviter l’évolution vers un diabète avéré, voire à retrouver une glycémie normale. C’est ce que confirment de nombreuses études, notamment le programme de prévention du diabète mené par les Centers for Disease Control (CDC) aux États-Unis.
Repérer un début de diabète, c’est d’abord prêter attention à son corps : soif inhabituelle, fatigue, vision trouble, infections fréquentes… Ces petits signaux ne sont jamais anodins. Agir tôt, c’est se donner toutes les chances d’éviter une maladie chronique et ses complications.